Le dictionnaire philosophique : une oeuvre de mauvaise foi ?
Le dictionnaire philosophique : une œuvre de mauvaise foi ?
Au XVIIIème siècle, le sursaut économique et la dégradation du paysage social poussent la réflexion dans deux voies : la confiance dans la raison et le progrès, et la recherche d’une société plus juste.
L’Encyclopédie suit cette même veine. Malgré l’exceptionnelle diversité des sujets, un même esprit préside à l’élaboration des articles : abattre les préjugés et faire triompher la raison. Pour déjouer la censure, les encyclopédistes ne prennent pas ouvertement position. Les pensées les plus hardies sont révélées par une ironie subtile.
Voltaire collabore à ce projet, mais rapidement il décide de faire œuvre seul et de composer son propre ouvrage. Désormais libéré de toute contrainte, il aura alors la liberté d’être pleinement lui-même dans le Dictionnaire philosophique.
Quelle voie Voltaire va-t-il alors emprunter pour diffuser la bonne parole ? Sa désinvolture le mènera sans doute sur les chemins houleux de la polémique. Mais la fausseté et la mauvaise foi sera-t-elle de mise dans le DP ? Voltaire sera-t-il déloyal envers son lecteur ou mauvais-croyant ?
Ainsi, nous nous demanderons si Voltaire, dans le Portatif, définit la tromperie comme mot d’ordre. Puis nous pourrons nous intéresser à la possible « mauvaise foi » de l’auteur en terme de croyance déviante. Mais Voltaire ne fait-il tout de même pas preuve de bonne foi dans son ouvrage ? L’auteur est-il réellement « sans foi ni loi » ?
I)La tromperie comme mot d’ordre ?
A) Une écriture perfide : Le DP est une attaque en règle contre l’Infâme qui ne ménage ni les bienséances ni les sensibilités. Le Portatif est un ouvrage animé par un réel esprit d’insolence.
L’intertextualité n’est jamais anodine. Voltaire est un virtuose en matière de détournement culturel. On l’accuse, non sans raison, d’indélicatesses, de fausses citations. Voltaire forge aussi des textes pour les besoins de sa cause, comme semble-t-il