Le discours fantastique
Le narrateur est défini dans ces textes non seulement par sa parole, il est celui qui raconte, mais aussi par son rôle de personnage principal (narrateur homodiégètique). Cette unique voix narrative du discours produit un double effet : elle renforce la vraisemblance du récit, produit une impression de vérité et authentifie ce qui est raconté. La première personne racontante permet l'identification du lecteur au personnage. "Je" appartiens à tous. C'est lui qui raconte ce qu'il a vécu, c'est lui qui a vu : "ce qui s'est passé, ce que j'ai vu la nuit dernière"; "j'ai vu"; "je lai vu".
En outre, pour faciliter cette identification, le narrateur est un individu indifférencié, un homme "sans qualité" en qui tout lecteur peut se reconnaître.
Qui voit ? Qui sait ?
L'emploi de la narration à la première personne instaure de ce fait une modalité de perception unique des évênements de la fiction. La narration a recours aux pouvoirs de la focalisation interne, qui oblige le lecteur à ne pas en savoir davantage que le personnage. La relation des faits, la connaissance des motivations du personnage se limite à ce que le personnage sait, voit ou ressent. Du coup, le point de vue adopté prive le lecteur du regard plus objectif qu'il serait en droit d'attendre d'un narrateur extérieur aux évênements récontés. Le lecteur est contraint de "voir avec" les yeux d'un personnage, de tout percevoir à travers le prisme de ses sentiments et ses réactions. Il en est réduit à la seule version offerte par ce dernier. Savoir du lecteur = savoir du