Le droit et le terrorisme
L’Afrique subsaharienne offre à l’observateur le visage banal de la contradiction. D’un côté prévoit la vision d’un continent fascinant par ses hommes, ses peuples et ses paysages. De l’autre se précipitent et s’entrechoquent les images d’un chaos sans fin. La politique emprunterait plutôt à ce second registre. Tenter d’échapper au risque de la caricature suppose une mise à distance de l’histoire immédiate. L’épaisseur politique de l’Afrique exige un retour sur les processus socio-historiques qui ont conduit l’ensemble du continent à connaître successivement des modes d’organisation politiques sensiblement différents. La science politique africaniste s’est forgée dans le constat que le détour anthropologique et historique s’imposait pour qui voulait saisir la réalité politique contemporaine. Les structures socio-politiques actuelles de l’Afrique noire résultent en effet d’un processus de sédimentation entamé bien avant la phase coloniale. Les puissances européennes, dans leur entreprise de conquête, se sont heurtées à des systèmes politiques spécifiques, sensiblement éloignés des modèles étatiques métropolitains. Le processus d’interaction, largement conflictuel, ne s’est pas soldé par l’affirmation d’un système sur un autre mais par une altération réciproque, de sorte que l’Etat colonial apparaît sous la diversité de ses formes, comme un produit syncrétique mêlant et recomposant des influences divergentes. Dans ce processus d’interpénétration, les logiques de domination, de violence, parfois aussi de résistance ont prévalu. Ainsi, l’Afrique contemporaine a-t-elle été maintenant à l’écart du mouvement démocratique qui parcourait notamment l’Europe. La période postcoloniale n’a pas dérogé à cette règle. Au contraire, la politique y a pour l’essentiel revêtu les habits de l’autoritarisme. Les modes de domination successifs ont souvent forgé des Etats paradoxaux, à la fois forts dans leur capacité à préserver la suprématie des dirigeants et faibles