Le droit philosophique
Introduction
Le droit, du latin directus « sans courbure » est inséparable de l’idée de règle. Il règle voire rectifie les relations entre les hommes afin de les rendre compatibles en évitant la violence. Le droit est essentiellement institutionnel et lié a des institutions chargées de l’administrer. Il est en quelque sorte plus explicite et plus direct que la morale, mais aussi très proche d’elle. Il est par ailleurs difficile de distinguer une norme juridique d’une norme morale. Exemple : « tu ne tueras pas » est une règle morale, tandis que « tu ne tueras pas si tu ne veux pas aller en prison » est une règle juridique.
I Droit et fait
On distingue la question de fait qui établit l’existence de telle ou telle donnée constatable, de la question de droit, qui en établit la légitimité.
D’après Kant, les hommes sont insociablement sociables. C'est-à-dire qu’ils savent nécessaire le fait de vivre en société mais qu’ils aimeraient se soustraire aux obligations dues à cette existence collective. Livrés à eux-mêmes, les hommes défendraient en priorité leurs intérêts, ce qui engendrerait des conflits et déboucherait sur une finalité opposée à celle recherchée. Cela amènerait au droit du plus fort : Si la fonction du droit est de rectifier le fait, il serait contradictoire qu’il aille chercher ses fondements dans ce qui est déjà là. Les faits ne justifient pas le droit. Dans le Gorgias de Platon, Calliclès exprime l’idée que la loi suprême est celle de la Nature qui donne au plus fort le droit sur le plus faible. Cette façon de penser réduit le droit au fait. Cependant, la force est un fait, et non un droit. Respecter le droit, c’est en fait instaurer des institutions durables qui peuvent être violées mais non supprimées : par exemple : même si un voleur a la force de me voler mon portefeuille et qu’il le possède dans les faits, il n’en annulera pas l’autorité du droit et n’en fera pas sa propriété légitime pour autant.