Le déclin de l’autorité Beau sujet sans doute mais à première vue, l’expression s’entend comme le refrain des temps modernes, sinon comme l’expression nostalgique d’un temps où l’ordre, sous la férule des paters familias et autres représentants de la loi et des pouvoirs, aurait régné… L’expression en effet, ne manque pas d’un relent passéiste, sur arrière-plan d’inquiétude. L’attaque en règle contre l’héritage de Mai-68, proférée par le Président et les conservateurs politiques et moraux au moment de l’échéance de l’élection exécutive, s’est faite sur ce motif-là : le supposé « déclin de l’autorité ». Avant toute réflexion, étudions la signification des mots-clés de ce sujet : Le déclin (de declinare latin : infléchir, faire dévier et de declivitas : « état d’un terrain en pente ») est le signifiant mal connoté par excellence ! Le mot évoque la chute, l’infléchissement, mots pas loin d’annoncer la fin, la mort de quelque chose ou de quelqu’un. Quant à autorité, le mot reste imprégné de la connotation historique de dignité, de prestige, en raison de ce que ce mot désignait et désigne encore : « le pouvoir de se faire obéir » (Littré). Par extension, et dans la sphère collective, il désigne le Pouvoir public, le gouvernement, l’administration publique… A cette notion, s’attachent le crédit, la considération, le poids : l’autorité de la chose jugée fait que son jugement est incontestable. L’autorité s’incarne sous différentes figures : le père de famille traditionnel, le roi, le pape, le chef d’Etat, le magistrat, le professeur ou l’instituteur… Dans les domaines où l’autorité s’exerce, elle s’impose en principe d’elle-même, par légitimité intrinsèque : elle n’a pas à recourir à la force ou à la menace. L’autorité accordée l’est parce qu’elle est censée s’appuyer sur des qualités : le sens de la représentation de la res publica (ou « la volonté générale » dont parle Renan), la bienveillance au service de sa force, sa moralité, sa compétence. L’autorité est perçue