LE DELIRE

I.) Introduction:

Le délire n’est en rien définitoire des psychoses, comme on pourrait le croire. Délire n’est pas synonyme de psychose; les névrosés délirent également. Le délire n’est définitoire en fait d’aucune pathologie, qu’elle soit neurologique ou psychiatrique. Breuer (in Breuer & Freud 1895) signalait sa patiente Anna O. comme délirante, Freud (in Breuer & Freud, 1895) en disait de même d’Emmy von N. Du côté de la névrose de contrainte, l'Homme aux rats (1909) est mentionné lui aussi comme délirant et l'Homme aux loups (1914a) souffrit au moins une fois d’hallucination : il avait en effet cru voir dans son enfance qu’un de ses doigts était coupé - mais hallucination n'est pas synonyme de délire, surtout pas en psychanalyse freudienne. Il en va de même des pervers qui délirent aussi parfois, et rien n'empêche de penser que les psychopathes soient également susceptibles de la même prouesse.

Bref, tout le monde peut donc délirer, même le normal, à quelque moment que ce soit de sa vie. C'est ce que l'on appelle la confusion hallucinatoire aiguë ou plus familièrement la bouffée délirante, officiellement : amentia de Meynert. Qui d'entre nous n'a pas été confronté au moins une fois dans sa vie à la rencontre de cette personne que les pompiers, habitués à ce genre de phénomène clinique, viennent chercher à son domicile en urgence pour la conduire aux Urgences psychiatriques, parce qu’elle elle tient soudainement des propos incohérents, est particulièrement agitée et semble à la fois être la proie d'étranges hallucinations ?ous voyez à quel point la question est difficile. Il se pourrait en outre en effet que la fonction du délire varie selon la pathologie rencontrée.

II.) Quelques définitons d'usage: que veut dire délirer?

Que nous apprend Littré sur le mot « délire » ? « 1. Dans le langage médical, nous annonce-t-il, il s’agit d’une perversion de l'entendement, causée soit par la fièvre, soit par les boissons alcooliques,