Le déserteur de Boris Vian
I/L’auteur :
Boris Vian est né en 1920 dans la région parisienne, et est mort en 1959 d’une crise cardiaque lors de l’adaptation cinématographique de son livre J’irai cracher sur vos tombes, livre engagé dénonçant la ségrégation raciale aux Etats-Unis. C’est un homme éclectique qui a été ingénieur (il a été diplômé de Centrale en 1942), homme de lettres, jazzman, parolier, et romancier (avec L’écume des jours) sous divers noms dont le plus connu reste Vernon Sullivan, mais qui n’a jamais fait la guerre en raison de ses nombreux problèmes de santé. Il a écrit le Déserteur, qui est devenu une chanson composée par Harold Berg et d’abord interprétée par Mouloudji puis par d’autres chanteurs comme J. Halliday qui a été diffusée pour la première fois à la radio le jour de la défaite de Dien Bien Phu en mai 1954, ce qui marque la fin de la guerre d’ Indochine. Le Déserteur est donc très mal perçu par le gouvernement Français qui la censure, ce que n’avait pas prévu Boris Vian, la prenant pour un appel à la paix (d’ailleurs, à la base, les 2 derniers vers étaient ‘‘Que je tiendrai une arme, Et que je sais tirer’’ modifié sur les conseils de Mouloudji, pour garder le côté pacifique de la chanson)
II/ Une lettre non conventionnelle :
On remarque que, sur certains points, ce poème peut se rapprocher à une lettre : en effet, on retrouve bien un expéditeur, avec des marques d’énonciation ‘‘Je’’, ‘‘mes’’... qui est en réalité le poète. Il y a aussi un destinataire ‘‘vous’’, ‘‘vos’’ qui est le président (qui peut-être le président de la république [René Coty], le président du conseil [Pierre Mendès France], ou bien un juge d’instruction, ou le président du tribunal qui jugera le déserteur car