Le désir est-il la marque de la misère de l’Homme ?

Tous les philosophes s’accordent à dire que l’Homme est un être de désir. Ce dernier est défini comme manque et incomplétude, comme une « tendance spontanée et consciente vers une fin connue ou imaginée », dixit Lalande. Ainsi, le désir est la force qui fait qu’un être peut se diriger vers un objet ou, généralement, faire un effort pour atteindre un but. Mais la souffrance, représentative de la misère de l’Homme semble être dans beaucoup de cas une conséquence incontrôlable du désir. Nous sommes donc amenés à se demander si le fait de désirer mène l’Homme à la souffrance et par conséquent, à sa perte.

Tout d’abord, il sera vu que le désir, en tant que manque est dépossession, peut être synonyme de souffrance.
Le désir est par définition une aspiration vers un objet dont l’Homme est dépourvu, c’est un manque, un vide. Cependant, une fois le désir satisfait, un autre prend sa place, laissant chez l’être humain un perpétuel sentiment d’incomplétude à l’image de Dom Juan qui désire les femmes, les obtient mais ne parvient pas à être satisfait. Platon décrit ce phénomène à travers le mythe des Danaïdes. Punies à aller aux enfers après un maricide synchronisé, elles furent condamnées à remplir un tonneau dont le fond était percé. Ainsi, on cerne le caractère précaire du désir qui perd de son prestige au fur et à mesure qu’il trouve satisfaction, lorsqu’elles croient voir se remplir le tonneau, celui-ci se vide. Le désir n’est donc jamais réellement satisfait et, par cela, il est marqueur de misère par la souffrance qu’il confère. Platon a souligné l’aspect instable du désir insatisfait avec Eros, personnification divine de l’amour. Né d’une servante, indigente et d’un Dieu possesseur de l’opulence, il est nécessairement instable. Comme le désir, il aspire à une plénitude à laquelle il ne pourra jamais parvenir. Par cela, il éprouve une souffrance immense, pensant obtenir ce qu’il veut alors qu’il ne possède