Le désir Mémitique
C’est vers la fin des années 1970 que j’ai commencé à lire René Girard. Deux livres l’avaient alors fait connaître : Mensonge romantique et vérité romanesque (1961) et La violence et le sacré (1972). Ces premières lectures m’ont durablement marqué. Depuis je n’ai cessé de lire et de relire une œuvre qui, au fil des années, s’est enrichie de nombreuses autres publications et surtout qui a bouleversé bien des domaines : l’anthropologie, l’histoire des religions, l’interprétation des textes sacrés, mais aussi la psychopathologie, la critique littéraire, etc.
C’est précisément mon intérêt pour cette œuvre ainsi que son côté novateur que j’aimerais, dans le cadre de cette causerie, vous faire partager. J’ai choisi ce soir de développer un des concepts-clés de l’œuvre de Girard, celui de désir mimétique, concept indispensable pour pouvoir commencer à entrer dans le système Girard.
Qui est René Girard ? Il est né en 1923 à Avignon. A près avoir fait l’Ecole des Chartes, il va en 1947 partir pour les USA où il va faire, jusqu’à sa retraite, une carrière de professeur dans quelques grandes université américaines, dont celle de Stanford. D’où un statut équivoque, du moins aux yeux d’un certain nombre d’intellectuels français. Dans le système universitaire français on est en effet soit philosophe, soit sociologue, soit spécialiste de littérature, etc. Dans nombre d’universités étrangères, notamment américaines, nombreuses et habituelles sont les passerelles entre les différentes disciplines, ce qui, de notre point de vue, rend plus difficile le fait de pouvoir caser un penseur dans telle ou telle catégorie déterminée. Girard est-il philosophe, anthropologue des religions, spécialiste de littérature ? Sans doute un peu de tout cela. Mais ce flou concernant son statut explique en partie la méfiance voire le rejet à l’égard de son œuvre, en France notamment où l’on aime bien