le désir nous conduit-il au malheur?
Introduction
Dans la passion amoureuse, telle que la vit par exemple Emma Bovary, s’entremêlent des désirs et des souffrances. L’attente de l’aimé, la peur de perdre l’autre, mettent l’être désirant dans un état à la fois de jubilation et d’angoisse. Mais peut-on désirer sans souffrir ? Il faudrait pour cela ne considérer que les désirs dont on est sûr qu’ils seront satisfaits. Mais s’il n’y a plus d’attente, plus de manque, il n’y a plus de désir non plus.
Peut-on alors faire une sélection des désirs ? Et dans ce cas, en renonçant à certains désirs pour éviter ainsi quelques souffrances, ne risque-t-on pas de passer à côté du bonheur ?
D’autre part, le désir n’est-il pas aussi ce qui permet à l’homme de trouver de l’énergie ? Connaître ce qui constitue son propremoteur ne permettrait pas alors de se réaliser ?
1. Par définition, le désir implique la souffrance
A. Le désir comme manque
Distinguons d’abord le désir du besoin : celui-ci est une privation liée au bon fonctionnement de l’organisme, et trouve son assouvissement dans un objet spécifique qui lui préexiste. Le désir en revanche n’a pas d’objet assigné par avance. Il anticipe un plaisir, mais l’objet de son plaisir est souvent le fruit de son imagination, il est lié au fantasme. Cependant le besoin, lié à une nécessité vitale, se trouve parfois entremêlé avec le désir de manière confuse, par exemple lorsqu’on mange. Cetteanticipation du plaisir est à la fois réjouissance, jubilation donc source de joie, mais aussi attente, manque, et donc source d’inquiétude, de souffrance. Le rapport du désir à son objet est paradoxal, car le désir vise la possession de l’objet désiré, donc la fin du désir. Le désir vise, en ce sens, à s’autodétruire.
Platon, dans Le Banquet illustre cette idée avec le mythe d’Aristophane, retraçant l’origine de l’amour. L’amour serait la recherche d’une union perdue avec sa moitié, et finalement le désir de retrouver un amour fusionnel. À