Le désir
I] Analyse de la notion
L’étymologie du mot renvoie au latin desiderare, « regretter l'absence de quelqu'un ou de quelque chose ». Désirer (ou dé-sidérer) serait à rapprocher de con-sidérer, de considerare «examiner attentivement (par les yeux, par la pensée) ». On notera la proximité avec le lexique de la sidération, de la captation totale de l’attention.
Le désir est une tension du sujet vers un objet, réel ou imaginé, une force puissante qui pousse le sujet à l'action et à la mise en relation.
Le désir s'oppose donc à l'apathie, à l'absence de tout affect intensif et de tout mouvement ou émotion.
Afin de ne pas diluer la notion, on distinguera le désir (au singulier), qui est le principe général de cette tension puissante animant le sujet, et les désirs (au pluriel), qui sont simplement les réalisations particulières du désir.
Le désir, doit être distingué aussi d’autres modalités particulières de la volition que sont l’appétit, le besoin, le souhait, le voeu, l’envie, la concupiscence, la volonté…
Notamment, le désir est distinct du simple besoin : le besoin est un cycle naturel qui se répète à l'identique , tandis que le désir se renouvelle et s'amplifie. Par exemple: manger est de l'ordre du besoin, mais on attise le désir de manger par la cuisine et la diversification des plats. De même, la sexualité peut être considérée comme un simple besoin, mais l'érotisme consiste à la transformer en désir et à l'aiguiser pour l'entretenir et la porter plus loin; dans la passion amoureuse elle devient un désir qui s'emballe. Ainsi, il y a une mesure du besoin, tandis qu'il y a une démesure du désir. Le besoin prend fin en étant satisfait ; tandis que le désir risque d'être relancé lorsqu'il est satisfait.
Désirer se distingue aussi de vouloir : vouloir renvoie plutôt à une décision prise rationnellement tandis que le désir renvoie au corps, aux affects, aux sentiments, aux passions, à la sexualité, aux pulsions d’origine