Le fils puni
La scène figure dans le roman dont le film est l’adaptation ; Lampedusa y précise un détail que reprend le film. Au mur de la bibliothèque est suspendue une copie d’un tableau de Greuze. Dans le scénario comme dans le roman, la toile est intitulée La Mort du Juste. Aucun titre n’est mentionné dans le film qui fait du tableau le personnage central de la scène.
La toile est le deuxième volet d’une séquence picturale, La malédiction paternelle articulée en deux tableaux, Le Fils ingrat, puis Le Fils puni que l’on peut voir au Musée du Louvre. Le principe des tableaux « en pendants » est narratif puisque le diptyque constitue un récit à condition d’être complété par ce qui n’est pas montré.
Comme chacun sait, l’expression des sentiments caractérise l’art de Greuze. Elle forme un des aspects majeurs de la peinture du XVIIIe siècle et elle est au cœur de la critique d’art de cette période. « C’est le programme d’une pathognomonie des passions et d’une physiognomonie des caractères qui se formule », remarque Jean Starobinski. Cette pensée n’est pas sans contradiction avec l’image de la nature qui se transforme au XVIIIe siècle. Starobinski observe que :
Chez ceux-là mêmes qui condamnent, au nom de la diversité naturelle, la typologie de la forme idéale, l’on voit donc subsister une rhétorique du sentiment, qui tend à établir des types moraux ou passionnels assez peu diversifiés. De là cet art singulier, dont l’exemple le plus frappant est l’œuvre de Greuze