Le gorgias
Ce discours met en scène cinq intervenants : Socrate, Khairéphon, Gorgias, Polos et Calliclès. Socrate y combat la rhétorique, ce qui l'amène à s'interroger sur l'idée de justice, et sur la manière selon laquelle chacun doit régler sa vie.
I. Entretien avec Gorgias.
Socrate et Khairéphon se rendent chez Calliclès pour y entendre Gorgias, mais ils arrivent trop tard. Néanmoins, Calliclès les introduit auprès de ce dernier, à qui Socrate voudrait poser une question. Il lui demande en effet ce qu'est la rhétorique dont il fait profession. Après plusieurs demandes de précision de la part de Socrate, Gorgias parvient à cette définition : la rhétorique est la science des discours (449 d) qui ne se rapportent pas au travail des mains (450 b) et qui ont uniquement pour fin la persuasion (452 d), persuasion qui se produit dans les assemblées et les tribunaux et a pour objet le juste et l'injuste (454 b).
Socrate distingue alors deux sortes de persuasion d'égale puissance : celle de la croyance, et celle du savoir. De l'aveu même de Gorgias, c'est bien par la croyance que la rhétorique persuade. Toutefois :
"Sans doute l'orateur est capable de parler contre tous et sur toute chose de manière à persuader la foule mieux que personne, sur presque tous les sujets qu'il veut; mais il n'est pas plus autorisé pour cela à dépouiller de leur réputation les médecins ni les autres artisans, sous prétexte qu'il pourrait le faire; au contraire, on doit user de la rhétorique avec justice, comme de tout autre genre de combat" (457 c).
Pour Socrate, si le rhéteur a pour fin de persuader sur la justice, alors il doit préalablement la connaître, ce qu'admet Gorgias. Or, qui connaît la justice ne peut commettre l'injustice. Gorgias pourrait se défendre et dire qu'il n'est pas vrai qu'il suffise de connaître la justice pour ne pas commettre l'injustice. Mais Platon, comme Socrate, est convaincu qu'il suffit de connaître le bien pour le pratiquer, et que le vice se ramène à