Le graal
Prep. univ. Timea TOCALACHIS
Universitatea “Babeş-Bolyai” Cluj-Napoca
Chrétien de Troyes est considéré le créateur du roman français moderne. Il puise la matière de ses romans du merveilleux emprunté au fond celtique. Le merveilleux est profondément intégré à cette quête de l’identité collective du chevalier. Il y a un grand nombre de mythes et de motifs tant celtiques qu’appartenant au fond commun de l’antiquité que Chrétien a adaptés à ses romans, en leur conférant un nouveau sens dépendant du contexte.
Bien qu’offrant la même bipartition, le Conte du Graal diffère des autres romans arthuriens sous plusieurs aspects. La première partie ne débute plus à la Cour d’Arthur, mais par une scène de la “Gaste Forêt”. Elle présente la triple initiation de Perceval: à la chevalerie (épisode de Gormant et de Goort), à l’amour (les épisodes de Blanchefleur et des gouttes de sang sur la neige – scène dont on peut affirmer avec certitude qu’elle représente la préfiguration du concept de la mémoire affective développée surtout au XXe siècle grâce à Proust et qui constitue une innovation d’une importance décisive dans le cadre du roman et du Graal. L’épisode central de cette partie est la visite de Perceval au Château du Graal et la procession du Graal. Dans la deuxième partie l’auteur suit tour à tour les aventures de Perceval et de Gauvain. La scène–clé de cette deuxième partie est constituée par l’arrivée de la laide Demoiselle à la Cour d’Arthur, celle-ci reprochant à Perceval son silence concernant les choses vues dans la procession du Graal, sur lesquelles on reviendra. Alors que tous les autres chevaliers choisissent des aventures qui les couvriront d’une gloire vaine, Perceval commence la quête du Graal qui lui procurera un accomplissement intérieur , la connaissance de la vérité – et s’écarte définitivement de la Cour d’Arthur. Tout porte à croire que la fin du roman serait la suivante: Perceval devenu un homme