LE HEROS TRAGIQUE
Dans la mythologie grecque, le Héros est un demi-dieu, fils d’un dieu et d’une mortelle. Sa naissance en fait donc un être d’exception. Elle justifie par voie de conséquence ses exploits. Né des amours de Zeus (Jupiter) et d’Alcmène, Hercule tient ainsi sa force légendaire de son origine divine par son père.
Avec le temps, le héros s’est désacralisé et humanisé. Il n’en conserve pas moins des traces de son statut primitif.
Dans la tragédie, c’est toujours un être hors du commun : par sa position, sociale et politique ; par son pouvoir ; par la grandeur de ses qualités, ou de ses vices ; parfois, par son malheur.
Un puissant détenteur de l’autorité :
La tragédie grecque et classique ne met en scène que des rois (ou des reines), des empereurs, des généraux. En fait, peu importe leur titre, qui correspond aux exigences historiques de l’intrigue. Seul compte le fait qu’ils détiennent le pouvoir, et qu’ils le détiennent absolument. Plusieurs conséquences en découlent, propres à l’apparition du tragique.
Chez le héros, le pouvoir se confond avec le vouloir : il lui suffit d’ordonner. Chez lui, la parole est un acte : dire, c’est faire. Délivré des contingences matérielles de l’existence, il peut vivre avec le maximum d’intensité, en allant jusqu’au bout de ses passions, bonnes ou mauvaises. Le réel ordinaire ne le menace d’aucune usure, d’aucune compromission. À travers son sort personnel se joue le destin du peuple sur lequel il règne. C’est pourquoi, selon Giraudoux, « on réussit chez les rois les expériences qui ne réussissent jamais chez les humbles».
De fait, la tragédie classique et, avec elle, une certaine forme du tragique disparaîtront quand le drame bourgeois remplacera ces puissants par le commun des mortels.
Le héros racinien
Bien qu’il soit de haute condition, le héros racinien ne possède pas pour autant des qualités toujours exceptionnelles. Conformément aux préceptes d’Aristote, il est à moitié coupable et à moitié innocent