le hobbit
En réalité, lorsqu’il y a échange commercial, chacun réalise son intérêt et ne se soucie pas de l’intérêt de l’autre. On fait appel comme Adam Smith (1723-1790) l’a soutenu dans ses Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) à l’égoïsme de l’autre. Certes, à la différence du brigandage, on ne se fait pas du mal. Mais la loi de l’offre et de la demande permet à celui qui est dans une position dominante d’écraser les autres.
Toutefois, l’échange commercial n’est pas le seul échange car il est possible de donner et de recevoir non pas pour soi mais pour la relation avec l’autre. N’est-ce donc pas ce type d’échanges qui fait l’union entre les hommes ? Lorsqu’on échange, le but n’est pas nécessairement le bien qu’on reçoit. Lorsque comme Claude Lévi-Strauss en propose l’exemple, dans ces restaurants qu’on nomme les routiers, chacun sert à son tour de l’eau aux autres qu’il ne connaît pas, chacun reçoit la même chose. Le but est clairement le lien social.
C’est ce qui se passe dans les échanges de cadeaux. Ce type d’échange se retrouve dans certaines sociétés primitives où le commerce est inconnu. Ainsi chez les Guayakis décrit par l’anthropologue Pierre Clastres (1934-1977) dans La société contre l’État (1974), les femmes doivent donner aux hommes le produit de la cueillette et les hommes doivent donner aux autres le produit de leur chasse. Le don obligatoire réalise l’échange. Cet échange social a pour but l’union avec les autres. Non