En 1960, après l’accident de voiture d’Albert Camus, Le premier homme, manuscrit de l’autobiographie est trouvé. Catherine Camus, sa sœur publie ce manuscrit inachevé et sans retouche, ni correction, en 1994. Ce roman décrit la vie d’Albert Camus au travers les yeux de personnages fictifs. Nous tenterons de savoir comment Camus exprime ce souvenir d’enfance, et ce qu’il en fait ressortir au travers cet extrait de Le premier homme . Dans une première partie, nous analyserons le souvenir d’enfance, puis dans une seconde partie nous constaterons la présence de l’inconscience et de l’inutile.

Dans un premier temps, cet extrait relate un souvenir d’enfance, celui de l’élaboration de poisons.
Pour commencer, cette fabrication qui est faite par Pierre et Jacques, les deux enfants, montre leur grande implication dans l’expérience relatée. L’ aspect chimique est présenté par le vocabulaire utilisé : « filtrées », « flacons », « tubes », « flacons pharmaceutiques », et « poison ». Cet aspect chimique participe à concrétiser la « fabrication de terrifiants poisons », et donc donne à l’extrait une part de sérieux. Nous voyons également, que les deux amis se sont répartis des tâches à accomplir chacun de leur côté, l’un s’occupe de l’eau (l 19), l’autre prépare un mélange (l 20), ce qui donne l’impression d’une véritable expérience. Egalement, l’utilisation du champ lexical du soin employé tout au long de ce passage : « manié…avec toutes les précautions qu’on peut prendre », « soigneusement transvasé », « soigneusement numérotés », « rangés » contribue à l’application des chimistes dans leur expérience qui adoptent un