Le jansénisme
Né au cœur de la Réforme catholique, il doit son nom à l'évêque d'Ypres, Cornelius Jansen, auteur de son texte fondateur l'Augustinus, publié en 1640. Le jansénisme prend son essor sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV et demeure un courant important sous leurs successeurs. C'est d'abord une réflexion théologique centrée sur le problème de la grâce divine, avant de devenir une force politique qui se manifeste sous des formes variées, touchant à la fois à la théologie morale, à l'organisation de l'Église catholique, aux relations entre foi et vie chrétienne, à la place du clergé dans la société et aux problèmes politiques de son temps.
« Énigme historique » selon certains historiens[c 1], « adaptation à des conjonctures mouvantes » selon d'autres[1], le jansénisme a eu une évolution parallèle à celle de l'Église jusqu'au XIXe siècle sans qu'on puisse lui trouver une unité incontestable.
Le terme « jansénisme » est rejeté par ceux qu'on appelle « jansénistes », lesquels ne cessent, tout au long de l'histoire, de protester de leur appartenance à l'Église catholique. L'abbé Victor Carrière, précurseur des études contemporaines sur le jansénisme, en dit « il n'est peut-être pas de question plus embrouillée que celle du jansénisme. Dès l'origine, beaucoup de ceux qu'on regarde à juste titre comme ses légitimes représentants affirment qu'il n'existe pas […]. De plus, afin d'échapper aux condamnations de l'Église, pour désarmer certaines attaques et gagner de nouveaux adhérents, il a suivant les circonstances, atténué ou même modifié ses thèses fondamentales. Ainsi, malgré les travaux innombrables qui lui ont été consacrés, l'histoire du jansénisme aujourd'hui reste encore à faire dans son ensemble, car pendant deux siècles l'esprit de