Le jansénisme
La définition même du jansénisme s’avère problématique, dans la mesure où les jansénistes ont rarement assumé cette appellation, se considérant seulement comme catholiques. Ceux-ci possèdent toutefois quelques traits caractéristiques, comme la volonté de s’en tenir strictement à la doctrine de Saint Augustin sur la Grâce, conçue comme la négation de la liberté humaine pour faire le bien et obtenir le salut. Cela ne serait possible selon eux que par le biais de la Grâce divine. Les jansénistes se distinguent aussi par leur rigorisme spirituel et leur hostilité envers la compagnie de Jésus et sa casuistique, comme envers un pouvoir trop puissant du Saint-Siège. Dès la fin du XVIIe siècle, ce courant spirituel se double d’un aspect politique, les opposants à l’absolutisme royal étant largement identifiés aux jansénistes.
Le jansénisme naît au cœur de la réforme catholique. Il doit son nom à l’évêque d’Ypres, Cornélius Jansen, auteur de son texte fondateur l’Augustinus, publié en 1640. Cette œuvre est l’aboutissement de débats sur la grâce remontants à plusieurs dizaines d’années, coïncidant avec l’hostilité grandissante d'une partie du clergé catholique envers la compagnie de Jésus ; il prétend établir la position réelle de Saint Augustin sur le sujet, qui serait opposée à celle des jésuites, ceux-ci donnant une importance trop grande à la liberté humaine.
L’Augustinus provoque de vifs débats, en particulier en France, où cinq propositions prétendument hérétiques sont extraites de l’ouvrage par des docteurs hostiles à l’évêque d’Ypres ; celles-ci sont condamnées en 1653 par le pape. Les défenseurs de Jansenius répliquent en distinguant « le droit et le fait » : les propositions seraient bien hérétiques, mais on ne les retrouverait pas dans