Le jeu de la feuillée - adam de la halle
Problématique de la stéréotypie et du débat".
Le Jeu de la Feuillée est d'un théâtre lyrique profane, genre en fait plus proche du théâtre parlé, avec quelques intermèdes musicaux (basés sur la pastourelle à refrain), mais dont la nouveauté vient de ce que la musique fait partie intégrante de l'intrigue. Le Jeu de la feuillée met en scène Adam, le poète, vêtu en clerc, sa famille, ses voisins, et trois fées. Adam veut prendre congé pour aller faire ses études à Paris, mais se laisse entraîner à la taverne. Adam de la Halle mêle dans cette pièce le motif merveilleux du repas de fées, invitées sous la feuillée par les chrétiens, et le thème du congé, qui est traité sur un ton grinçant, dans un style vif et familier. Ce jeu riche et polysémique (la feuillée est à la fois la loge de verdure de la statue de la Vierge au marché d'Arras, et la "folie", très présente) est un théâtre vivant, mêlant satire et merveilleux, burlesque et quotidien. Avant de quitter son pays, l'auteur donne libre cours à son ressentiment contre son père, sa femme et de nombreux citoyens d'Arras, en présence de trois belles fées assises sous une feuillée (tonnelle). Cette pièce de théâtre est donc une plongée dans le Moyen Age, au temps des fées, des fous et du premier théâtre profane. C'est le passage, en douceur, du sacré au profane. Avec Adam de la Halle, finis les miracles et les mystères, purement religieux : c'est le "jeu" qui fait son apparition, un genre hybride, encore inspiré par la liturgie qui se gonfle d'éléments réalistes à caractère comique.
La "feuillée", son sens est un peu touffu : elle est à la fois la branche de feuillage, l'enseigne de la taverne, qui implique tout un univers paillard mais symbolise plus profondément l'univers déchu de la fraude et de la dispute. Elle est aussi une loge de verdure, celle qui accueillait la statue de la Vierge au marché d'Arras, celle qui, dans l'imaginaire de ce temps-là, abritait