Le joujou du pauvre commentaire littéraire
Introduction
La difficulté que présente d'emblée la notion d'histoire est qu'on ne peut écrire l'histoire qu'une fois qu'elle s'est déroulée et accomplie. On ne peut pas vivre l'histoire, faire l'histoire, et en même temps l'écrire. Ainsi Jules César, lorsqu'il écrit ses Commentaires sur la guerre des Gaules ne fait pas œuvre d'historien puisqu’il est à la fois acteur et auteur du récit de ces événements qui se sont déroulés quelques années plus tôt : il produit seulement un témoignage, certes très précieux, mais qui est partiel sur des événements qu’il avait vécus et dirigés, et qui pour lui étaient de l'ordre de l'actualité récente. Ainsi, ce qui distinguerait César d'un historien, serait en première analyse l'absence de recul et de distance permettant d'avoir une vision plus globale des événements. Ainsi, « l'acteur » de l'histoire (réalité historique) ne peut pas être « l'auteur » de l'histoire (récit historique). Cependant, si l'on conduit l'analyse un peu plus loin, on remarque que cette difficulté n'est pas seulement d'ordre temporel, mais qu'elle est inscrite, comme nous venons de le suggérer, au cœur même de la notion d'histoire, laquelle est fondamentalement ambiguë : l'histoire est à la fois l'ensemble des événements du passé (et notamment du passé humain), et l'étude et le récit de ces événements. L'histoire est donc le lieu d'une distinction majeure à effectuer entre la réalité historique et la science historique. Elle est ainsi d'un côté le produit de l'action et de la vie, et de l'autre le produit de la réflexion et de l'écriture. Il faudra donc distinguer l'ordre des faits historiques et celui de la connaissance historique. C'est pourquoi, il faudra essayer de comprendre comment, à partir de la confrontation de ces deux domaines, une vérité historique va pouvoir être établie. En effet, par définition, la vérité est la qualité d'un énoncé qui est un vrai ; or, un énoncé est vrai à partir