Le journal d'un poète désavoué
Le journal d’un poète désavoué
Mardi 18 septembre 1998:
Dans cette geôle froide et austère, je me perds à converser avec mes camarades de cellule. L’un d’eux, Robert, est prisonnier depuis quinze ans suite au meurtre d’une fillette de cinq ans. Il se dit innocent mais qui de nous, ici, l’est réellement ? Les murailles humides et noirâtres sont là pour nous rappeler que nous sommes tous coupables. Ce dernier s’approche de moi et m’aborde sur les activités prévues dans la journée puis il en vient à celle de la poésie : « Quelle idée d’aller écrire de sornettes histoires sur le bonheur, la joie, ou l’émerveillement alors que nous sommes enfermés entre quatre murs. L’imagination s’en arrête là ! Alors pour moi, la poésie, c’est non merci ». Soudain, un homme que je n’avais jamais vu jusqu’à présent vient à notre rencontre et marmonne à peu près ceci : « Certains se font de la poésie une idée si vague qu’ils prennent ce vague pour la poésie elle-même ». Puis il repart de là où il est venu… Robert éclate de rire et ajoute : « Alors celui-là, on ne le changera pas. Bientôt six ans qu’il est là, le Paul ! Et depuis que Monsieur s’est rendu à l’activité poésie, il s’est proclamé idéaliste de la prison dit-il. Non mais je vous jure. » Sur ce, il tourne les talons et part à son tour.
Mercredi 19 septembre 1998:
Depuis hier, je repense sans cesse à la citation de ce fameux Paul. Peut-être est-ce un fou ? Ou tout simplement n’avait-il pas assez dormi la nuit précédant cet évènement ? Et s’il avait raison ? Je suis totalement troublé par cette déclaration. Dois-je me rendre à cet atelier ? Que vont penser les autres détenus ? Vont-ils croire que je suis fleur bleue ? Oh et puis tant pis, j’irai peu importe les jugements car si je peux trouver une échappatoire et que cette dernière se trouve être la poésie, je ne vais pas me priver de cet art juste pour deux ou trois sots.
Mardi 25 septembre 1998:
Je me suis rendu pour la première fois à