Le journaliste et ses contraintes
Dans cette section, nous voulons montrer que les conditions de travail des journalistes, c’est-à-dire l’environnement dans lequel ils évoluent, agissent sur leur indépendance et marge de manœuvre. Jean Charron (1994) affirme que les journalistes entretiennent des relations avec un ensemble d’acteurs (la direction, l’entourage professionnel, les sources d’information, etc.) « […] dont les actions sont coordonnées par des mécanismes de régulation qui permettent à l’ensemble de se maintenir ». (p.11) L’action des journalistes est donc régie par des règles et contraintes dans un environnement ou système donné. C’est dans une approche sociologique des médias qui ressemble plus à une critique des médias que Pierre Bourdieu soutient que les journalistes sont soumis à des contraintes structurales/organisationnelles dans leur entreprise de presse qui elle-même est sous l’emprise de contraintes économiques. Les journalistes sont considérés en tant qu’« agents contraints » qu’ « acteurs autonomes », car les contraintes mentionnées pèsent sur leur action quotidienne et limitent leur marge de manœuvre. Nous verrons que d’autres contraintes dictent le travail d’information des journalistes; elles sont liées au rapport avec les sources et à la concurrence entre médias ou journalistes.
Les journalistes et l’environnement économique des médias
Des relations s’instaurent entre l’entreprise de presse et des membres de systèmes politiques et économiques qui sont surtout des relations de pouvoir dans la production et la réception de l’information. Noam Chomsky et Edward S. Herman, précurseurs de l’approche « Économie politique des médias » ont cherché à comprendre ces relations de pouvoir en introduisant un modèle de propagande qui est un outil d’analyse du comportement des médias et dans lequel sont identifiés les cinq facteurs structurels (elements filters) qui entrent dans le processus de production des