Le jugement chez l'enfant
Un enfant n’acquière la « compétence de classification », c’est à dire la capacité à identifier précisément un nombre important d’objets variés, qu’à un âge particulier. Cette compétence catégorique s’explique en termes d’acculturation et d’apprentissage. Mais bien avant ce stade, les très jeunes enfants (enfants sans compétences linguistiques aucunes) sont capables de reconnaitre des objets « de base », des évènements et des situations et sont donc capables d’exprimer un jugement de nature rudimentaire. Le fait qu’un enfant puisse reconnaitre le visage de ses parents, par exemple, ses propres réflexes, habitudes, des réactions circulaires et ainsi de suite, suggère, indirectement certes, l’existence de formes de compréhension pré-linguistique et d’une série de compétences intellectuelles innées. L’idée qu’un être humain possède certaines capacités qui se manifestent dans le monde, comme la croissance naturelle des plantes et des animaux, est un point de vue clairement exprimé dans les travaux de Platon, et plus récemment de Piaget. Les écrits de Platon, par exemple dans La République et Ménon , expriment les idées d’un penseur qui est convaincu que les individus (esclaves tout comme philosophes) possèdent une âme à l’intérieur de laquelle on trouve de la connaissance et du jugement. Cependant, l’idée fondamentale est que la connaissance, et donc le jugement, ont besoin d’une stabilité à la fois épistémologique et sociale. Selon Platon, on ne peut pas se référer à l’information « empirique » comme fondation de la connaissance car celle-ci change continuellement. Étant donné l’évolution incessante du monde et la variation des sens, la vérité ne peut pas se trouver dans le monde matériel. Dans un monde sensoriel, ce que nous pensons vrai à un moment est souvent rapidement réfuté l’instant d’après. C’est pourquoi Platon écrit, dans La République,