Le langage nous permet-il de tout dire
Le langage nous permet-il de tout dire ?
Dans une époque où la logique d'organisation érige la mondialisation en principe souverain, les échanges doivent s'effectuer le plus rapidement possible ; les marchandises, les hommes et les idées circulant ainsi de manières aussi véloces que diverses. Les moyens de communications sont exaltés et le langage qui jusque là se concrétisait oralement et graphiquement, explore de nouvelles possibilités et combine ces deux procédés aux révolutions technologiques. Il semble donc que communiquer n'ait jamais été aussi simple puisque nous avons gagné en rapidité et par-là même en efficacité. Mais qu'en est-il du contenu ? En supprimant les médiations spatiales et temporelles, le progrès communicatif ne nous impose-t-il pas quelques modifications qualitatives ? Si autrui est désormais plus accessible, avons-nous pour autant les moyens, la capacité de tout lui dire ? Paradoxalement, plus le contact est immédiat, moins il est complet. N'y a-t-il pas «malaise dans la civilisation » ? Et si néanmoins nous parvenions à conserver une certaine exhaustivité de langage, quel en serait le prix ? La principale qualité du langage est sa capacité à structurer notre pensée – les mots sont des idées –, à l'exprimer et la confronter à celle d'autrui. Posons cependant une condition : la réalité vécue doit être accessible et exprimable. En effet, que dire de ce que l'on ignore ou de ce qui ne nous atteint pas ? Cet obstacle pourrait être malgré tout contourné. La linguistique nous montre à quel point le langage est malléable : au cours des siècles, les mots apparaissent, disparaissent et se transforment ; en définitive, tout semble pouvoir être dit, grâce à cette faculté extraordinaire. A objets nouveaux, termes nouveaux pouvant les désigner. Nonobstant, une telle profusion combinée à la remarquable capacité d'adaptation du langage entraîne parfois une perte qualitative de nos propos. Des lors, si l'exhaustivité du langage