Le langage nous éloigne-t-il des choses ?
Introduction
Le langage – celui des mots – permet de structurer la pensée mais également de communiquer, de partager, de débattre notre "réalité", de faire progresser nos représentations et nos questionnements. Il évolue et s’adapte en fonction des besoins d'expression des idées. C’est donc un médiat constitué de signes linguistiques qui sert à désigner aussi bien une réalité matérielle – un objet, un animal, une personne, etc. – qu’une réalité immatérielle telle qu’un sentiment, une idée. Cette réalité est, par définition, la façon dont les choses nous apparaissent. Et par les mots nous pouvons ainsi organiser la réalité.
C’est Platon qui fut le premier à prendre conscience du pouvoir des mots, de la séduction et du pouvoir des grands orateurs. La question de la réelle vocation des mots, du langage tout entier, se pose donc : est-il là pour décrire une réalité ? N’est-ce qu’un médiat arbitraire, d’une grande complexité, le seul possible à l’humain pour appréhender le monde ? Ou aurait-il un pouvoir beaucoup plus grand en agissant sur la réalité ? Alors, les mots désignent-ils les choses pour ce qu'elles sont, en en respectant la nature ? Ou nous empêchent-ils d'être en relation directe avec elles ? Voire même, nous permettent-ils d’agir sur cette réalité ?
1/nous eloigne
Les mots permettent de représenter le monde, mais ne nous en livrent pas un accès direct. Ils sont un système intermédiaire, arbitraire, qui interprète notre réalité, ne permettant pas un accès direct à l’essence des choses : les mots sont un outil, mais un outil imparfait. Car, si comme Saussure l'affirme, le mot ne désigne la chose que par pure convention, sans qu'il existe le moindre lien entre le mot et ce qu'est la chose dans sa nature, alors le mot ne dit rien sur la chose : il la représente mais ne nous livre aucune information sur elle. D’ailleurs, l’existence de multitudes de langues, c’est-à-dire le produit social de la faculté du