Le lion de joseph kessel
II. Les jours suivants, il fait la connaissance de King. Patricia l’a recueilli lorsqu’il n’était qu’un lionceau perdu: elle règne à présent sur une bête superbe. Son pouvoir provoque la passion d’Oriounga, un jeune guerrier Masaï, qui demande la petite fille en mariage. Pour répondre à son défi, il vient affronter le lion, que Patricia lâche sur lui. Bullit, violant la promesse faite à sa fille, est obligé d’abattre King. Patricia part avec le narrateur pour une pension de Nairobi.
Le Lion n’est pas un livre sur les bêtes, mais la tragédie d’une passion exclusive. La passion, tous l’éprouvent pour ces animaux dont la vie sauvage est préservée grâce au parc : Bullit, ancien chasseur reconverti, qui, bien qu’il ait consacré sa vie à les protéger, éprouve, au moment où il tire sur King, le « désir du sang » ; le narrateur, qui, dans ce lieu d’une splendeur édénique, retrouve « l’innocence et la fraîcheur des premiers temps du monde » et sent abolie en lui, lors de sa rencontre avec King, la terreur immémoriale de l’homme pour la bête ; Oriounga, membre de cette tribu Masaï libre de tout lien sur la terre des hommes, qui vit de lait et de sang. Mais la véritable passion est celle de Patricia, que les Noirs appellent l’« enfant du lion », et que son amour pour l’animal a initiée à tous les sentiments humains: maternité, jalousie qui la fait se mesurer aux lionnes, ivresse de la domination sur le roi de la nature. Ici Kessel, qu’on a surnommé « le lion », qui a mêlé toute sa vie la littérature à l’action, exalte des êtres animés de la même passion, du même goût de la liberté que les siens.
Mais dans ce monde africain