le lion et le moucheron
Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla ;
S'il en demeure dix, je serai le dixième ;
Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là ! »
2.2. Le choix de l’exil
Contraint de quitter son pays, Victor Hugo semble pourtant se satisfaire d’un exil qui l’éloigne d’une politique qu’il ne peut cautionner. Malgré la douleur de l’éloignement, le retour est impossible car il résonnerait comme une abdication : « Je resterai proscrit, voulant rester debout. ». Cette décision n’est pourtant pas exempte de douleur et le poète revient ainsi à plusieurs reprises sur la tentation du retour qu’il doit perpétuellement combattre :
« O France ! France aimée et qu'on pleure toujours,
Je ne reverrai pas ta terre douce et triste,
Tombeau de mes aïeux et nid de mes amours !
Je ne reverrai pas ta rive qui nous tente,
France ! Hors le devoir, hélas ! J’oublierai tout. »
L’ampleur de son renoncement ne donne que plus de poids à sa révolte et force le respect du lecteur. Condamné à vivre loin du pays qu’il chérit, Victor Hugo se résigne pour mieux faire valoir son combat, quitte à ne plus jamais revoir la France: « J'accepte l'âpre exil, n'eût-il ni fin ni terme ».
Conclusion
Grâce à l’emploi avisé de procédés rhétoriques, Victor Hugo investit dans ce poème sa révolte d’une portée sentimentale afin de mieux inciter le lecteur à adhérer à sa cause. Farouche opposant à la politique de Napoléon III, le poète se positionne comme une figure emblématique de la résistance et préfère vivre l’exil comme un choix inhérent à l’expression de sa révolte plutôt que de le subir en simple victime. Symboliquement daté du 2 décembre 1852 (jour de la proclamation de l’empire) « Ultima Verba » clôt ainsi « Les châtiments » par l’expression d’une foi inébranlable en le retour des valeurs républicaines.