le loup et l'agneau
La Fontaine met en évidence une réalité cruelle: le comportement de celui qui non seulement exerce sa violence sur le plus faible mais cherche à la justifier. Ce personnage impitoyable est, dans cette fable, incarné par le tyrannique loup. Le champ lexical de la haine : "plein de rage", "colère" montre au lecteur sa violence et son agressivité envers l’agneau. Le Loup se comporte en prédateur, soumis à ses instincts, à sa "faim", à ses pulsions agressives et cruelles : son discours est vif de menaces : "tu seras châtié", "il faut que je me venge", toutes sans fondement ou justification. Vrai symbole de force, il impressionne et épeure l’autre animal qui, sans défense, ne fait que se plier à sa puissance : "sire", "majesté", en s’adressant à lui en utilisant la 3ème personne du singulier, marque de respect et d’estime.
Contrairement au loup, l'agneau est le symbole d’un être doux et innocent. Dans la fable de la Fontaine, il se montre honnête "je n’étais pas né", "je n’en ai point" et respectueux "Sire, répond l'Agneau, que votre Majesté ne se mette pas en colère". Il est associé à la pureté: "onde pure" et à la jeunesse "je tette encor ma mère". Le lecteur éprouve alors de la compassion mais aussi de la pitié envers l’animal car, comme il vient dit à la fin "sans autre forme de procès" l’injustice gagnera. L’auteur nous invite à voir derrière le récit animalier les rapports de force de la société humaine du XVII siècle, sous la monarchie absolue de Louis XIV.
II. Deux argumentations différentes
Le loup reproche d'abord un fait matériel à l'agneau : "troubler [son] breuvage" (vers 7). Le loup n'attend pas la réponse de l'agneau, il l'a déjà condamné sans appel, comme le marque le futur : "Tu seras châtié" (vers 9). Les arguments irréfutables qu'oppose l'agneau sont balayés par le loup qui nie l'évidence. Il répète son accusation sans tenir compte des arguments valables de l'agneau, mais sous une forme