Le lyrisme apparaît en France, au Moyen-âge, à travers une myriade de formes associant le plus souvent au poème la musique et la danse : chansons de toile, pastourelles, sérénades, ballades, cansos, tournois, tensons, lais et virelais fleurissent dans le chant des trouvères et des troubadours. Bernard de Ventadour (1150-1200), Richard Coeur-de-lion (1157-1199) et Thibaut de Champagne (1201-1253) comptent parmi les nombreux représentants de ce lyrisme ancien. L’amour courtois est alors le thème dominant des oeuvres les plus savantes, qui se partagent entre intimité et virtuosité. Le jeu codifié l’emporte sur l’expression authentique. C’est dans la seconde moitié du XIIIème siècle, notamment avec Rutebeuf, que le lyrisme entreprend de se dégager de ses stéréotypes. Au XVème siècle, Charles d’Orléans (1391-1465) et François Villon (1431≈1463) imposent deux voix mélancoliques aux accents plus résoluments personnels, l’une précieuse et nourrie d’allégories, l’autre mobile, instable, mais capable d’articuler le sort d’un sujet singulier à celui de ses “frères humains”.
Pendant la Renaissance, l’espace du lyrisme s’élargit. Légèreté de Marot, allégresse de Ronsard, mélancolie de Du Bellay, virtuosité de Louise Labé et de Maurice Scève: la poésie multiplie alors ses sources d’inspiration et ses formes. La relecture des poètes de l’Antiquité et l’influence de la littérature italienne, conjuguées à l’enthousiasme d’inventer une nouvelle figure de l’homme et du monde, induisent une production poétique très riche. Chez les poètes de la Pléiade, l’ode et le sonnet ouvrent un nouvel espace formel à l’expression lyrique. Ronsard célèbre en 1550 “l’heureuse félicité de la vie”. La ferveur panthéiste et l’influence pétrarquiste le conduisent à multiplier les correspondances entre les beautés de la nature et celles de la femme aimée. Les anciens schémas de la poésie courtoise cèdent peu à peu le pas à une inspiration plus familière. Mais l’époque classique interrompt cette