Le mal et la pensée chez hannah arendt
1393 mots
6 pages
INTRO : Puisque refuser la pensée du mal ne suffit pas à l’éliminer, le mal devient un matériau fécond dont la littérature se nourrit régulièrement. L’attribution du prix Goncourt 2006 aux Bienveillantes de Jonathan Littell, qui place le mal au centre des mémoires d’un officier nazi fictif, montre que penser cette période triste de l’histoire est encore appréciable et même récompensé. Hannah Arendt, rapidement touchée par le tragique de la shoah, voit dans la pensée bien plus qu’une activité récréative et se demande si "l'activité de penser en elle-même, l'habitude d'éxaminer tout ce qui vient à se produire ou attire l'attention, sans préjuger du contenu spécifique ou des conséquences, cette activité donc fait [...] partie des conditions qui poussent l'homme à éviter le mal et même le conditionnent négativement à son égard / Si l’activité de penser conduit d’abord à une réponse partielle, nous verrons pourquoi et en quoi Hannah Arendt se trompe avant de se tourner enfin vers une nouvelle forme de pensée. / Chacun de ses trois mouvements s’effectuera en trois temps : d’abord une contextualisation ou manière de s’entendre sur les concepts avant d’aborder la réflexion arendtienne pour enfin arriver à la critique, l’ouverture.
PREMIER La pensée décrite par Hannah Arendt est une pensée préventive du mal, qui s’appuie à la fois sur la morale et la sensibilité.
Mais qu’est ce que penser ? Et penser le mal ? C’est la réflexion de concepts clairs, définis, délimités par le raisonnement, conçus par le rationnel. La difficulté de penser le mal provient du fait que ce travail, cette pensée active basée ce sur qui est, se confronte ici à ce qui n’est pas, le mal étant déficience, absence de bien. A ce constat on peut ajouter le caractère polymorphe de la souffrance, qui ajoute à la confusion de la raison. Pourtant comme le confirme Leibniz, aucun raisonnement ne peut exclure le mal : le faisant il diviserait l’unité du monde qui est aussi unité de la pensée, il