Le marché de l'art
« Mondrian / De Stijl »
Exposition au Centre Pompidou du 1er décembre 2010 au 21 mars 2011
Embrasser le monde dans une portion d’espace jusqu’à pouvoir en abolir les frontières. Ainsi pourrait être résumée l’ambition du mouvement d’avant-garde De Stijl (Le Style) et de l’une de ses figures de proue, Piet Mondrian, tels que nous invite à les redécouvrir l’exposition qui leur est actuellement consacrée à Paris. De tableaux en maquettes et de dessins en photographies, elle permet de relire le parcours d’un des pionniers de l’abstraction picturale à l’aune des travaux d’un des collectifs d’artistes les plus féconds de la modernité européenne.
C’est au tournant de la Première Guerre Mondiale que se joue le destin de Piet Mondrian (1872-1944), lorsque l’artiste hollandais fait la connaissance, en 1915, du peintre touche-à-tout Theo Van Doesburg et du théosophe Schoenmaekers, puis en 1916 du peintre Bart Van der Leck. Jusque-là, le peintre paysagiste cherchait encore son style, multipliant les expériences picturales dans le but de « contempler en conscience », « voir à travers » le monde pour en saisir l’essence. Très tôt, Mondrian met l’accent sur les structures expressives de la nature : chez lui, les arbres et les barrières sont avant tout des lignes ; les canaux et les façades forment une grille orthogonale, et les moulins sont autant de signes cruciformes qui composent le paysage. Cette géométrisation sensible inédite imprimée à la nature par l’œil du peintre le mène progressivement à une « décantation de l’image plastique ». De la Hollande à Paris et du divisionnisme au cubisme, en passant par le fauvisme et l’expressionnisme, Mondrian abandonne peu à peu le motif au profit d’abord de la couleur, puis de la pure « expression des rapports ». De cette quête méthodique de la « réalité abstraite », la série de toiles exécutée autour du motif de l’arbre est emblématique : de AVOND (Crépuscule) : L’Arbre rouge (1908-1910) à L’Arbre