Le mariage de figaro
DISSERTATION
« La pièce change de sens et de couleur selon qu’on y pénètre par l’intrigue ou par les mots d’auteur […] qui fonctionnent comme autant de slogans, transformant par instants la scène en tribune, revendiquant la liberté d’être, de jouir, de ‘blâmer’. Mais ces formules, par leurs conditions d’énonciation, sont ambigües, et la réconciliation finale en atténue la portée. » (Jean-Pierre de Beaumarchais, Revue d’Histoire littéraire de la France, n° spécial bicentenaire du Mariage de Figaro, sept.-oct. 1984). Cette remarque vous semble-t-elle bien rendre compte du Mariage de Figaro ?
Inspiré des visions cartésienne et newtonienne de la Raison, le XVIIIe siècle présente une tendance à concevoir la société comme un ensemble de systèmes auxquels il tente de donner le plus de validité possible. Suivant cette démarche, la littérature est donnée comme modalité d’expérimentation, accompagnée d’une réflexion profonde des auteurs sur leurs œuvres. Ainsi, Beaumarchais écrit, parlant du Mariage de Figaro : « La pièce change de sens et de couleur selon qu’on y pénètre par l’intrigue ou par les mots d’auteur […] qui fonctionnent comme autant de slogans, transformant par instants la scène en tribune, revendiquant la liberté d’être, de jouir, de ‘blâmer’. Mais ces formules, par leurs conditions d’énonciation, sont ambigües, et la réconciliation finale en atténue la portée. » Cette remarque amène l’idée d’une certaine dualité dans la pièce et de fait, l’opposition maître/valet au centre de l’histoire se trouvant renforcée par les intrigues gravitant autour, il est possible d’en tirer une certaine idée du monde qui transparait dans les discours des personnages et le jeu des acteurs.
Peut-on donc dire du Mariage de Figaro qu’il s’agit d’une pièce à double entrée, permettant à l’auteur de s’exprimer sur des disconvenances sociales ?
Pour aller dans ce sens, nous verrons que Le mariage de Figaro se présente comme un jeu d’intrigue conforme à la