Le menteur
Sous le faix, etc. Quel tableau ! pas un mot qui ne soit une image ; pas un trait qui n'ajoute à la beauté de l' ensemble. Quelle force dans les couleurs ! et sur-tout quelle savante progression dans la peinture de ces charges diverses sous lesquelles gémit le pauvre vieillard : c'est le bois, c'est l'âge , c'est la misère, c'est tout à la fois. On est ému, attendri, à l'aspect de tant d'infortune ! Hantée, vieux mot. Clém. Marot: L'autre à sa dame estandoit la ramée. ( Temple de Cupido ).
Sous le faix du fagot. C'est bien assez, c'est déjà trop de ce seul fagot pour l'écraser, tant les ans et ses longs malheurs l'ont rendu foible ! Gémissant et courbé, marchoit à pas pesans. La marche de ce vers est lente et pénible comme celle du Bûcheron. Enfin , n'en pouvant plus d'efforts et de douleur. Ce dernier trait achève le tableau et le rend admirable. C'est la nature qui succombe ; elle a épuisé jusqu'à ses derniers efforts. Que David ait à représenter cette scène, il ne lui reste plus rien à imaginer : seulement qu'il copie La Fontaine, et l'art comptera un chef-d'œuvre de plus. Pour faire son Jupiter, Phidias n'eut qu'à imiter Homère.
(2) Quel plaisir a-t-il eu, etc. Combien ce monologue est touchant! L'homme qui souffre seroit moins malheureux, sans doute, s'il pouvoit se dérober au sentiment de son malheur. Mais non, ce n'est pas encore assez que le présent l'accable; il faut que sa mémoire elle-même s'arme contre lui. Si du moins ses souvenirs lui offroient quelque aspect moins lugubre! Non : pas un plaisir dont l'image riante mêle une distraction légère au spectacle de ses maux, dont la longue énuméràtion embrasse tous les momens de sa vie.
(3) Point de pain quelquefois , et jamais de repos. Ce vers est parfait. Que d'idées exprimées dans aussi peu de mots ! Sans cesse mourir de faim ou mourir de fatigue ! A-t-il eu tort de croire qu'il n'en est pas , pas un, plus pauvre ici bas ?
(4) Le trépas vient tout