Le modèle distributionnel est apparu aux Etats-Unis vers 1930. « L'ouvrage de L. Bloomfield publié en 1935 (Language, Henderson et Spalding, Londres) en marque le point initial et le livre de Z. Harris (Methods in structural linguistics, Chicago, 1951) le point d'aboutissement et le développement théorique et méthodologique le plus rigoureux. »1.Plusieurs facteurs en ont favorisé l’émergence notamment la découverte de l’existence sur le continent américain de 150 familles de langues (ce qui représente plus de 1000 langues).
Ces langues posent problèmes car elles se présentent sous la forme d’un matériel linguistique oral et non codifié. Si le mot semble facile à reconnaître dans une phrase écrite, il n’en va pas de même dans la chaîne parlée. Ainsi, cette école s’est donné pour but de le faire. Elle va tirer son nom de la « distribution » des unités étudiées, permettant de définir le fonctionnement de la phrase.

Le concept clé de la théorie syntaxique de Bloomfield est celui de distribution. Selon ce linguiste, toutes les unités qui occupent le même environnement2 linguistique sont en situation d’équivalence distributionnelle et appartiennent à la même catégorie grammaticale. Soient les exemples : _ Ce juge a de grandes compétences. _ Le juge a de grandes compétences.
Les unités « ce » et « le » apparaissent dans le même environnement linguistique. Donc, elles présentent les mêmes distributions et appartiennent à la même partie du discours.

1. La notion de corpus :

Les distributionnalistes décrivent la langue considérée comme un système formel à partir d’un corpus. Le corpus est un ensemble d'énoncés qui répond à la caractéristique d'être compris par les locuteurs. Ce corpus est un échantillon de la langue, et c'est à partir de lui que seront définies les règles. « La construction d’un corpus doit répondre à trois critères : Achevé, homogène et synchronique. »3
« Ainsi, la détermination du corpus devra être faite selon un certain nombre de critères