Le monde des images
Étymologiquement, le mot image vient du latin « imago », qui désignait les masques mortuaires, le portrait d’un mort. Ainsi, au sens de Platon, l’image se définit comme « tout d'abord les ombres ensuite les reflets qu'on voit dans les eaux, ou à la surface des corps opaques, polis et brillants et toutes les représentations de ce genre ». Mais l’image recoupe de nombreux sens et ne se limite pas à cette définition. Une image est une représentation visuelle voire mentale de quelque chose (objet, être vivant, concept). Elle peut être naturelle (cette image naturelle était, selon Platon, la seule à avoir un intérêt philosophique : ombre, reflet) ou artificielle (peinture, photographie), visuelle ou non, tangible ou conceptuelle (métaphore), elle peut entretenir un rapport de ressemblance directe avec son modèle ou au contraire y être liée par un rapport plus symbolique. L’image peut donc être considérée, soit comme le définit Voltaire dans le Dictionnaire Philosophique comme une représentation, soit concrète soit mentale de ce qui a été perçu par la vue : « Le sens de la vue fournit seul des images », soit comme une représentation mentale, généralement affaiblie d’une sensation ou d’une perception précédemment éprouvée. Le monde des images recoupe donc des sens et des réalités très différents pour de nombreux auteurs. En quoi le monde des images renvoie-t-il a une multitude de sens ? Comment ce monde des images se met-il en place et quelle est sa visée ? Platon inscrit l’image dans un monde des apparences, alors que Spinoza se rapproche de concepts tels que la connaissance ou la langage et que Bachelard insiste sur le rôle de l’imagination dans le monde des images.
Platon replace tout d’abord le monde des images dans une opposition entre deux mondes : le monde sensible et le monde des apparences, le premier étant l'image, le reflet, la copie du second, qui est paradigme, modèle, vraie réalité. En effet, dans le livre VII de La République,