Prenant pour point de départ une scène mythologique dont la fécondité littéraire est immense, le regard d’Orphée qui se retourne vers Eurydice, transgressant l’interdit posé par Proserpine, cette étude a pour objet le motif du retour comme origine du processus créatif. L’hypothèse, que formule ainsi Maurice Blanchot dans L’Espace littéraire (1955) : « Écrire commence avec le regard d’Orphée », est envisagée par l’auteur dans un corpus vaste et divers où interviennent un large ensemble mythologique, des démarches poétiques singulières et des théories du retour à l’origine qui fondent nos représentations du monde, dans les littératures des xixe et xxe siècles. Certains des mythes étudiés sont anciens et familiers, comme le retour du fils prodigue, l’enquête d’Œdipe et le voyage de Dionysos aux enfers ;d’autres, plus récents, comme Dracula et les mythes de Cthulhu, permettent de parcourir des pans importants de la littérature contemporaine. L’intérêt de la piste mythologique suivie par l’auteur est qu’elle offre des perspectives éclairées sur la question et des points d’accès différents, dans des littératures savantes et populaires, au motif du retour. L’analyse est donc très nettement fondée sur une mythocritique, gage de sérieux et de classicisme, ce qui n’empêche pas pour autant une mise en rapport de ces très vieux récits à des questions de grande actualité.
5En effet, le retour, clairement défini par l’auteur comme un motif1, permet d’identifier des figures, des lieux et diverses formes de mouvements. Ces différentes façons de concevoir la présence du motif du retour dans un texte sont rendues possibles par les références à des mythes dans lesquels ce motif est présent selon ces modalités