Le mutisme de phèdre
Avant même qu'elle ne paraisse sur scène, Phèdre se profile comme la victime exemplaire d'un silence imposé. Théramène, le premier, y fait allusion devant
Hippolyte: «Phèdre, atteinte d'un mal qu'elle s'obstine à taire» (I, 1, v. 45).
Plus loin, Œnone confie à ce même Hippolyte: «Elle meurt dans mes bras d'un mal qu'elle me cache» (I, 2, v. 146)2.
Tout au long de la pièce, Phèdre hésite entre le mutisme et la confession.
Au gré des événements et des pressions insistantes d’Œnone, elle se livrera puis voudra se rétracter faisant croître en elle le sentiment d’une faute irrémédiable.
Phèdre, c'est une tragédie de la parole ou de la non-parole, Tout ce qui tourne autour du mutisme, de la parole devinée, avouée / inavouée.... Ce que je trouve terrible avec Phèdre, c'est qu'elle se condamne toute seule. Elle est un ressort du tragique et se noie elle-même dans un tragique dont elle ne peut se défaire car Les sentiments amoureux sont sortis du cadre normal dans lequel ils sont autorisés. Phèdre laisse développer une passion amoureuse incestueuse, du moins adultère, trahison, et laisse s’hypertrophier un sentiment pour un
« objet » auquel elle n’aurait même pas due y penser. - L’amour de Phèdre pour
Hippolyte est illégitime. Les lois civiles et religieuses l’interdisent du moins.
Phèdre se place alors en marge des conventions : de fait, elle s’isole
Dans une passion qui ne trouve aucune assistance sinon celle, finalement
Néfaste, de sa confidente. Fuir la parole, c'est fuir la relation de force, c'est fuir la tragédie : seuls les héros extrêmes peuvent atteindre cette limite (Phèdre) d'où leur partenaire tragique les ramène aussi vite que possible, en les contraignant, en quelque sorte, à retrouver un langage (Oenone)
Le sens de ce reproche n'est que trop évident; c'est moins l'ignorance de