Le mythe de la sortie du mythe: le titan de victor hugo
Victor Hugo est l’un des romantiques qui a été le plus inspiré par l’image titanique, fait que Pierre Albouy commente longuement dans son chapitre « le Cycle des titans » de sa thèse La création mythologique chez Victor Hugo. Dans la section « Entre Géants et Dieux » de la Légende des siècles, le poète nous décrit l’Olympe, demeure des dieux grecs, et puise largement dans la mythologie antique la matière de son poème. Mais nous notons déjà comme un souffle de révolte, les dieux sont déjà pourvus d’épithètes péjoratifs et présentés comme des tyrans qui ont tué « l’âme de la terre ». Dans le poème intitulé Le Titan, l’auteur « s’intéresse moins à la figure des dieux olympiens qu’au Titan Phtos, abaissé, vaincu, lié sous l’Olympe [1]».
Si Prométhée semble être, au XIXe siècle, le Titan de prédilection du poète romantique, Hugo va créer le mythe de Phtos, le Titan lié étymologiquement à la lumière et au lumineux, par opposition à « l’ombre » dans laquelle se trouve l’humanité. Nouveau mythe donc, inventé de toute pièce par l’auteur mais reposant sur une filiation titanique précise, dont nous rendrons compte dans la seconde partie de notre étude. Appartenant au cycle Entre Géants et dieux, le poème se présente comme un aboutissement ou un terme, le prédécesseur du Titan Phtos étant le Satyre, appartenant à la Première Série de La légende des Siècles et daté de 1859.
Le Titan de Victor Hugo est publié dans la Nouvelle série de La Légende des Siècles de 1877, et a vraisemblablement été écrit pendant le retour de l’exil du poète en 1875. A cette période, nous observons que « le mythe titanesque sert essentiellement à critiquer le pouvoir de Napoléon III, et que sa signification se fait principalement politique et finalement moins mythique[2] ». Alors certes, le Titan Phtos représente le Peuple, Jupiter s’identifie à Napoléon III, mais le poème constitue en lui-même une révolution ontologique, en posant la question de la réalité, de la substance même du