Le mythe de sisyphe

566 mots 3 pages
"Le mythe de Sisyphe (extrait)." de Albert CAMUS

(...) L'une des seules positions philosophiques cohérentes, c'est ainsi la révolte. Elle est un confrontement perpétuel de l'homme et de sa propre obscurité. Elle est exigence d'une impossible transparence. Elle remet le monde en question à chacune de ses secondes. De même que le danger fournit à l'homme l'irremplaçable occasion de la saisir, de même la révolte métaphysique étend la conscience tout le long de l'expérience. Elle est cette présence constante de l'homme à lui-même. Elle n'est pas aspiration, elle est sans espoir. Cette révolte n'est que l'assurance d'un destin écrasant, moins la résignation qui devrait l'accompagner.
C'est ici qu'on voit à quel point l'expérience absurde s'éloigne du suicide. On peut croire que le suicide suit la révolte. Mais à tort. Car il ne figure pas son aboutissement logique. Il est exactement son contraire, par le consentement qu'il suppose. Le suicide, comme le saut, est l'acceptation à sa limite. Tout est consommé, l'homme rentre dans son histoire essentielle. Son avenir, son seul et terrible avenir, il le discerne et s'y précipite. A sa manière, le suicide résout l'absurde. Il l'entraîne dans la même mort. Mais je sais que pour se maintenir, l'absurde ne peut se résoudre. Il échappe au suicide, dans la mesure où il est en même temps conscience et refus de la mort. Il est, à l'extrême pointe de la dernière pensée du condamné à mort, ce cordon de soulier qu'en dépit de tout il aperçoit à quelques mètres, au bord même de sa chute vertigineuse. Le contraire du suicidé, précisément, c'est le condamné à mort.
Cette révolte donne son prix à la vie. Étendue sur toute la longueur d'une existence, elle lui restitue sa grandeur. Pour un homme sans oeillères, il n'est pas de plus beau spectacle que celui de l'intelligence aux prises avec une réalité qui le dépasse. Le spectacle de l'orgueil humain est inégalable. Toutes les dépréciations n'y feront rien. Cette discipline que

en relation

  • Tous innocents
    3374 mots | 14 pages
  • Journal de lecture, lorsque j'étais une oeuvre d'art
    1159 mots | 5 pages
  • Le mythe d'esculape
    283 mots | 2 pages
  • Tp de néerlandais
    3796 mots | 16 pages
  • Le mythe de salomé
    1980 mots | 8 pages
  • Le mythe d'oedipe
    415 mots | 2 pages
  • Le suicide en milieu carcéral
    2208 mots | 9 pages
  • La peste-dissertation
    1206 mots | 5 pages
  • Faut Il L Gif Rer A Nouveau Sur La Fin De Vie
    1465 mots | 6 pages
  • Le mythe de sisyphe
    2709 mots | 11 pages
  • Le mythe de sisyphe
    930 mots | 4 pages
  • Le mythe de sisyphe camus
    1084 mots | 5 pages
  • Le mythe de Sisyphe expos
    1150 mots | 5 pages
  • l'absurde pour Camus
    685 mots | 3 pages
  • La mort d’un homme
    1519 mots | 7 pages