Le mythe de l'androgyne
L'humanité primitive
" Or, ce qu'il vous faut commencer par apprendre, c'est quelle est la nature de l'homme et quelle en a été l'évolution ; car autrefois notre nature n'était pas celle que précisément elle est aujourd'hui, mais d'une autre sorte. Premièrement, l'espèce humaine comportait en effet trois genres ; (e) non pas deux comme à présent, mais, en outre du mâle et femelle, il y en avait un troisième, qui participait de ces deux autres ensemble, et dont le nom subside de nos jours, bien qu'on ne voie plus la chose elle-même : il existait alors en effet un genre distinct, l'androgyne, qui, pour la forme comme par le nom, participait des deux autres ensemble, du mâle comme de la femelle ; ce qui en reste à présent, ce n'est qu'une dénomination, tenue pour infamante. Deuxièmement, chacun de ces hommes était, quant à sa forme, une boule d'une seule pièce, avec un dos et des flancs en cercle ; il avait quatre mains et des jambes en nombre égal à celui des mains ; (a) puis, sur un cou tout rond, deux visages absolument pareils entre eux, mais une tête unique pour 1'ensemble de ces deux visages, opposés l'un à l'autre ; quatre oreilles ; parties honteuses en double ; et tout le reste comme cet aperçu permet de le conjecturer ! Quant à la démarche de cet être, elle pouvait se faire comme maintenant en droite ligne dans telle direction qu'il souhaitait; ou bien, quand il entreprenait de courir vite, c'était à la façon d'une culbute et comme quand, en faisant la roue, on se remet d'aplomb dans la culbute par une révolution des jambes : en s'appuyant sur les huit membres qu'il possédait alors, 1'homme avançait vite, à faire ainsi la roue ! (b)
Or, s'il y avait trois genres et tels que j'ai dit, c'est pour cette raison que, originairement, le mâle était un rejeton du soleil; la femelle, de la terre; de la lune enfin, celui qui participe de 1'un et de 1'autre ensemble, attendu que la lune aussi participe des deux autres astres ensemble. Et