Le métal, source du divin
La récente crise économique a largement démontré les effets néfastes de la chrématistique commerciale que J.Maynard Keynes n’aura de cesse de critiquer voire même de condamner. Cependant, force est de constater, comme l’écrivait récemment Dominique Desjeux, que le métal reste l’indicateur essentiel de l’activité industrielle qui elle-même conditionne une partie des activités de service. Le professeur Desjeux rappelle encore que le cours des métaux, à l’instar de ceux de l’énergie, de l’inflation ou encore de l’électricité industrielle, reste un indicateur fiable de la production. Il est indéniable que les métaux ont largement contribué à l’évolution des civilisations. Au fil du temps, ces matières précieuses ont acquis un caractère monétaire persistant et durable au détriment de leur rôle symbolique et cosmologique. Mircea Eliade nous le rappelait : les métaux ne relevaient pas des « données profanes » de l’existence parce qu’ils provenaient toujours d’ailleurs.
Quid non mortalia pectora cogis, auri sacra fames… Virgile termine ainsi la relation de l’entrevue de Polydore chez le roi de Thrace, et comme l’écrit C.Domergue, il stigmatise le désir de richesse par l’évocation de l’or.
Par définition, tout ce qui est sacrum relève de l’univers divin et s’oppose radicalement au profanum qui caractérise la vie courante des hommes. Sacer désigne « celui qui ne peut être souillé ou qui ne peut souiller », d’où son double sens de « sacré » ou de « maudit ». Par le mystère de sa nature, le métal relève du divin. Sa quête par l’homme est légitime, pour autant qu’elle soit, pour lui, un moyen supplémentaire de tendre au sacré. Ce double aspect de la recherche du métal précieux n’est pas sans nous rappeler l’opposition qu’Aristote marque entre la chrématistique qu’il définit comme l’art de s’enrichir et d’acquérir des richesses pour elles-mêmes et l’économie, nécessaire à l’approvisionnement de l’oikos.
L’utilisation par Virgile de