Le naturalisme
En 1867, Thérèse Raquin annonce un nouveau style. S’inspirant des analyses quasi-médicales des Goncourt et des théories de Taine sur l’influence du milieu, Zola se pose en biologiste pour étudier un couple d’ouvriers comme on étudie des animaux dominés par leurs pulsions essentielles.
Cette première expérience ouvre la voie en 1868 à un plus vaste projet, Les Rougon-Macquart, qui comprendra finalement vingt volumes jusqu’en 1893. Ce projet littéraire, "l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire" [1852-1871], doit servir d’illustration au "roman expérimental", par lequel l’oeuvre littéraire est un "procès verbal" des effets que les passions humaines produisent sur les milieux et les circonstances. La Comédie Humaine de Balzac est naturellement un modèle pour Les Rougon-Macquart, mais Zola, qui se concentre sur une seule famille, a l’intention d’être plus précis et détaillé.
Même si le cycle des Rougon-Macquart porte les marques du temps où Zola écrit (la crise économique de 1880 dans L’Argent et la Terre, les conflits sociaux sous la Troisième République dans Germinal), Zola voit dans les vingt années du Second Empire (du coup d’Etat de Napoléon III en 1852 à la guerre franco-allemande de 1870 et l’insurrection populaire de la Commune de 1871) la métaphore d’un mouvement historique général, qui débute avec le triomphe de la bourgeoisie et du capital, entraînant l’écrasement de la classe prolétarienne (L’Assommoir) mais qui sera nécessairement suivi d’une révolte (Germinal) annonçant l’avènement prochain d’une société sans classe et plus