Le neveu de wittgenstein
Prenez un texte, donnez-lui la voix d’un grand comédien tel que Serge Merlin, dans un décor sobre, et vous obtenez… un exemple de pièce émouvante et amusante.
J’avoue avoir été un moment sceptique quant à la mise en scène. Dans une pièce, le texte est rarement suffisant pour capter l’attention du public pendant environ deux heures, mais dés que les premières phrases eurent été égrenées, je ne m’en fis plus autant.
Tout d’abord, le texte est bien plus présent qu’on ne le pense. Il s’agit d’un récit aussi drôle que puissant, où l’auteur se met en scène lui-même. Les mots tracent le portrait d’un grand malade, d’un original peut-être un peu hypocondriaque ou alors très malchanceux… mais c’est aussi une très émouvante histoire d’amitié. On ne s’attend pas à s’amuser autant en sachant que le principal lieu du récit est un hôpital viennois, où l’amitié survit aux malades qui emplissent les chambres. Une amitié d’autant plus difficile que les deux hommes sont chacun dans un pavillon différent ; Thomas Bernhard, l’auteur est au pavillon de pneumologie et son ami Paul Wittgenstein en psychiatrie. Le texte mêle des considérations de toutes sortes sur la vie, la mort, la maladie, l’amitié, et Thomas Bernhard a su doser habilement le sarcasme et des pensées profondes.
Dans un récit mettant en scène des personnages si attachants, on s’attend enfin à un « tout est bien qui finit bien », tous espèrent une amitié à jamais perpétuée par les années, jusqu’à la mort de l’auteur.
Mais seulement, dans ce texte, Bernhard nous montre également que la mort est plus forte que l’amitié, puisqu’elle sépare les deux amis avant même d’emporter Paul.
Serge Merlin nous conte ce récit et il y met tellement d’émotion qu’on ne peut que l’écouter attentivement, non sans verser quelques larmes au passage (dans mon cas). Heureusement, il nous divertit par des anecdotes décalées, des phrases bien tournées, et rien que de voir son visage s’éclairer