Le nouveau roman
La mise en question de l’intrigue engage une nouvelle conception du temps du récit.
Incompatibilité entre la discontinuité du monde perçu et la continuité de l’écriture
Ainsi, au temps fragmenté dans lequel nous vivons et que rythment des événements auxquels nous reconnaissons un poids de réalité et d’émotion répond un temps spécifiquement romanesque, qui fait le cas échéant référence à la peinture, à la musique ou au cinéma pour afficher sa nature esthétique, mais dont l’unité est due au seul pouvoir des mots.
Recherche formelle
Les débuts du nouveau roman coïncident avec ceux de la «nouvelle vague» (expression employée en 1957 pour désigner une nouvelle génération de cinéastes).
Les films de la nouvelle vague présentent entre autres originalités une bande-son où les voix ne sont plus hiérarchisées de manière à permettre une claire écoute des acteurs principaux, mais brouillées, comme dans la vie, l’effet étant souvent accusé par le choix de scènes de rue ou de café; du moins le spectateur voit-il les personnages et peut-il ainsi les identifier.
Aux dialogues du roman traditionnel pourvus d’incises, tend à se substituer un concert confus qui obéit à un réalisme plus exigeant, mais reflète aussi une situation permanente d’incommunication.
Les nouveaux romanciers inscrivent au sein de la fiction les problèmes de l’écriture, au point que leurs œuvres sont plus contaminées qu’enrichies par leur projet critique.
A l’univers structuré du roman qui privilégie l’écriture de l’aventure d’un personnage, ils opposent "l’aventure d’une écriture" (Ricardou), qui est une recherche sans finalité, une exploration de l’inconscient, dans laquelle le sujet (personnages, intrigue, situations) est dilué.
Cette vision de l’écriture conduit à des textes qui mettent en valeur la présence :
- des objets,
- du temps et de l’espace,
- des obsessions,
- de la mémoire et leurs rapports avec l’auteur.
Brouiller le texte, c’était pour les nouveaux