Le pain nu de mohamed choukri
Le premier chapitre de l’œuvre autobiographique de Mohamed Choukri est imprégné d’une grande souffrance liée essentiellement à la famine qui ravageait le nord du Maroc pendant la seconde guerre mondiale « c’était le temps de la famine dans le Rif. La sécheresse et la guerre ».. Cette souffrance présente tout le long de ce premier chapitre, est accompagnée par de multiples sentiments noirs et violents qui laissent très peu de place à l’amour.
Pour fuir la misère terrible qui ravage sa région natale, Mohamed et sa famille partent à pied pour Tanger dans l’espoir d’avoir du pain « A Tanger, les gens mangent à leur faim » mais cet espoir est vite perdu car le pain n’est pas aussi abondant qu’ils le pensaient. Il se nourrit essentiellement des détritus trouvés dans les poubelles ou dans le grand socco. Pour échapper à cette faim tenace et à la souffrance qu’elle engendre « j’eus tellement faim que je ne savais plus comment arrêter mes larmes » il va manger de l’herbe du cimetière ou la charogne d’une poule ce qui horrifiera sa mère. Il sera également contraint de chaparder encourant ainsi le risque effrayant de se faire attraper et battre par des policiers violents et lâche « de grands gaillards frappent les petits… ». Mohamed Choukri est confronté dès son plus jeune à une extrême violence qui provient essentiellement de son propre père « il me roua de coups avec rage ». Aux yeux de Mohamed, cet homme alcoolique et brutal devient un monstre et un assassin lorsqu’il tord le cou à son fils. Avec un large éventail de champs lexicaux « pourriture, charogne, cimetière, crime, ténèbre, tuer… », la mort est omniprésente dans ce premier chapitre
La faim, la violence et enfin la mort de son frère ont provoqué très souvent des larmes d’angoisse et de tristesse chez Mohamed mais également chez sa mère qui se désespère d’être seule après que son mari eut été emprisonné. Durant cette enfance misérable, il trouvera un peu de joie et d’amour dans