Le parler pied noir
À Alger, on ne dit pas « prendre un bain », mais « se taper un bain ». N’insistons pas. On se baigne dans le port et l’on va se reposer sur des bouées. Quand on passe près d’une bouée où se trouve déjà une jolie fille, on crie aux camarades : « Je te dis que c’est une mouette ! » (L’Été, Gallimard, 1959).
Si le pataouète est la langue des Européens d’Algérie des faubourgs et du bled, il faut aussi mentionner l’existence du sabir, parler des Arabo-Berbères prati¬quant la langue française. Il s’agit là davantage d’un accent que d’une langue en création, même si des mots arabes s’y mêlent. Bien des Pieds-Noirs des campagnes s’exprimaient avec un accent empruntant autant au pataouète des villes qu’au sabir des champs. Et bien des mots et expressions arabes se glissaient dans leurs phrases.
Avec le temps, pataouète et sabir se seraient sans doute encore rapprochés pour finir par ne plus faire qu’une seule langue dont la formation aurait certaine¬ment été accélérée par la mobilité croissante des per¬sonnes et le développement des moyens de commu¬ni¬cation qui ont marqué la fin du XXe