le personnage de roman
Nés au Moyen Âge, le roman et ses héros, (ou ses personnages ?) vont connaître une fortune littéraire exceptionnelle qui s'est aujourd'hui étendue au monde entier, à tous les pays, à toutes les langues. Est-ce parce que le personnage de roman revêt une valeur exemplaire, c'est à dire : peut-il être cité en exemple, en modèle à imiter ? Peut-on dire qu'à travers ses personnages le roman aurait une vocation éducative et morale ? Dans un premier temps nous verrons comment le personnage, en particulier à l'origine du genre, est posé comme un modèle à suivre. Puis en quoi, même si les personnages ne sont pas exemplaires, et peut-être parce qu'ils ne le sont pas, le roman nous propose une lecture exemplaire du monde.
À l'origine du genre, c'est-à-dire au Moyen Âge, le roman avait semble-t-il une valeur éducative, en proposant des personnages idéalisés représentatifs d’une vision morale et même religieuse. Ainsi, les romans de chevalerie reposent sur la quête héroïque menée par des personnages, de preux chevaliers dotés de qualités exceptionnelles, par exemple les chevaliers de la Table Ronde, l'ordre légendaire au service du roi Arthur. Dans Yvain ou le chevalier au lion, le chevalier éponyme affronte victorieusement de terribles aventures et conquiert et finalement conserve grâce à son courage la femme aimée, en même temps qu’il offre un exemple d’amitié dans son combat avec son ami Gauvain. Le roman idéaliste peut tourner au roman édifiant qui est selon le dictionnaire « un roman qui porte le lecteur à la vertu, à la piété », il pose un modèle de personnage exemplaire. Ces personnages sans défaut sont imaginés pour que le lecteur cherche, en s'identifiant à eux, à se rapprocher au maximum de la perfection. Par exemple la comtesse de Ségur écrivit Les Petites Filles modèles, publié en 1858. Les trois personnages principaux sont Camille et Madeleine de Fleurville et Marguerite