Introduction

« Et s’‘il vous arrive de passer par là, je vous en supplie, ne vous pressez pas, attendez un peu juste sous l’étoile! Si alors un enfant vient à vous, s’il rit, s’il a des cheveux d’or, s’il ne répond pas quand on l’interroge, vous devinerez bien qui il est. Alors soyez gentils! Ne me laissez pas tellement triste : écrivez moi vite qu’il est revenu. »

(Le Petit Prince, chap. XXVII)

Conte d’Antoine Marie Roger de Saint Exupéry (1900-1944), publié avec des illustrations de l’auteur - dans une traduction anglaise à New York chez Reynal & Hitchcock en 1943, et dans sa version française à Paris chez Gallimard en 1945 - Le Petit Prince fait partie du palmarès des œuvres les plus lues et connues au monde. L’œuvre qui s’inscrit sur l’horizon d’attente des livres de jeunesse est un conte à valeur éternelle, dont le rayonnement a rapidement séduit toute une génération de lecteurs - assurant à son auteur une gloire mondiale, mais posthume. D’après un article du Journal français d’Amérique[1], Le Petit Prince est considéré comme « l’un des dix livres de la production littéraire française jugés les plus importants pour aborder le XXe siècle ». Érigé au rang des grands mythes modernes, Le Petit Prince est, par son nihilisme et par sa force caricaturale, tout entier « possédé par une esthétique de feux secrets et de songes ». La légende héroïque de Saint-Exupéry « disparu en plein ciel de gloire » participe de la mythologie d’une œuvre orientée sur l’expérience de l’homme et sur une éthique fondée sur le service et le dépassement de l’homme par lui-même. Paru environ un an avant la disparition de l’écrivain-aviateur au cours d'une mission aérienne, Le Petit Prince s'inscrit dans le prolongement de Terre des hommes (1939). Les liens intertextuels qui relient ses œuvres est particulièrement explicite : on retrouve dans le conte le thème central de la solitude et de la soif