Le peuple quechua
Le père part accompagné de ses fils pour travailler dans les champs.
La législation espagnole instituant la communauté prévoyait que celle-ci devait être pourvue d'une assise foncière suffisante pour satisfaire aux nécessités de la population. Les pâturages demeuraient indivis. Les terres de cultures étaient réparties au début de chaque cycle agraire entre les ménages. À la fin du cycle, les parcelles réintégraient le fonds commun qui était à nouveau alloti et distribué au début du cycle suivant. Toutefois, les menaces que ne cessèrent de faire peser les grands propriétaires métis ou blancs sur les tenures collectives, pourtant protégées par la loi jusqu'au XIXe siècle, amenèrent peu à peu les Quechua à se saisir privativement des lopins qu'ils détenaient en usufruit et dont ils n'avaient qu'une jouissance précaire. Ce mouvement d'individualisation de la propriété foncière et les modalités par lesquelles elle allait dorénavant se transmettre ont provoqué l'atomisation de bien des terroirs. L'héritage est en effet égalitaire et bilatéral. Les enfants des deux sexes possèdent des droits égaux sur les biens de leur père et de leur mère, et souvent chaque champ compris dans la succession est divisé en autant de lots qu'il y a d'ayants droit.
Le fond des vallées, exposé à des précipitations relativement moins abondantes et protégé du gel et de la grêle, est consacré à la culture du pois, de la fève et du haricot, ainsi qu'à celle de diverses variétés de maïs dont les unes servent à la confection de la kanča (maïs grillé) et d'autres à la préparation du mote (maïs bouilli). Sur les flancs, jadis savamment